La dialectique paix et guerre dans le discours sur la succession présidentielle au Cameroun

Abstract

Cette contribution s’intéresse à l’effet du discours sur la succession présidentielle dans la (dé)mobilisation collective. Il s’agit de montrer comment les discours produits sur l’enjeu de l’après-Biya impactent la capacité de mobilisation des groupes ethno-communautaires construits pour contribuer à la revendication et à la conquête du pouvoir présidentiel au Cameroun. Il apparaît que la propagande ethno-centrée à partir de laquelle des entrepreneurs identitaires légitiment leurs prétentions à exercer le pouvoir présidentiel est une variable explicative de la relative capacité de mobilisation de ces projets concurrentiels de positionnement dans la perspective de l’après-Biya. Le rapport à la paix et à la stabilité permet de comprendre cette forme de crispation sociale qui est entretenue par des entrepreneurs identitaires acquis à la cause de la dévolution du pouvoir à un des leurs. L’émergence du « mouvement 10 millions de nordistes », la remobilisation autour du groupe dit Ekang, la revendication du pouvoir politique par les Grassfields, etc. renseignent sur l’ampleur de ces velléités de conquête ethno-communautaire du pouvoir présidentiel qui fait craindre une crise politique liée précisément à l’enjeu de la transition présidentielle. Face à ces velléités de revendications ethno-communautrisées du pouvoir présidentiel, une mobilisation collective émerge autour d’un projet dynastique de transition présidentielle : le mouvement des franckistes. À partir d’une rhétorique de la paix particulièrement popularisée par ce mouvement, cette mobilisation collective entend s’investir dans la construction et la légitimation de la vocation présidentielle de Franck Emmanuel Biya.