Chocs de conflit et dynamique des prix : évidences micro marchés en RDC (Bukavu–Goma)

Résumé

Résumé

Cet article traite de la question des chocs de conflit et de la dynamique des prix des biens de première nécessité en RDC, en se focalisant sur les villes de Bukavu et Goma, deux zones directement affectées par l’occupation du mouvement rebelle M23. L’objet de l’étude est d’évaluer dans quelle mesure l’insécurité et la dépréciation du franc congolais ont influencé les niveaux et la dynamique des prix sur les marchés locaux, en comparaison temporelle « avant » et « pendant » l’occupation.

Sur le plan méthodologique, la recherche s’appuie sur des données mensuelles (juin 2024 – août 2025) relatives aux prix de douze produits regroupés en trois catégories : alimentaires, énergétiques et hygiène. Après une standardisation des unités de mesure et la construction d’indices composites (selon l’approche des IPC pondérés), les données ont été soumises à des analyses de statistiques descriptives, de tests de normalité et de stationnarité (LLC pour panel). La spécification économétrique a mobilisé un modèle de panel à effets fixes, reliant la variation logarithmique de l’indice global des prix (en USD) aux fluctuations du taux de change CDF/USD, ainsi qu’aux dimensions spatiale (ville) et temporelle (période).

Les résultats révèlent plusieurs faits stylisés :

• Une dépréciation significative du franc congolais (≈15,8 %) sur la période étudiée,
• Une hausse différenciée des prix des biens essentiels, plus prononcée pour les produits alimentaires et énergétiques,
• Une élasticité négative de l’indice global des prix par rapport au taux de change, suggérant une forte transmission des variations monétaires aux prix domestiques,
• Des effets fixes temporels marqués en janvier et avril 2025, correspondant à des épisodes d’instabilité sécuritaire,
• Des écarts inter-villes limités mais significatifs, reflétant une vulnérabilité commune des marchés de Bukavu et Goma aux chocs monétaires et sécuritaires.

En définitive, l’article met en lumière l’impact conjugué du conflit armé et de la dépréciation monétaire sur les marchés urbains fragiles, et plaide pour un renforcement des politiques de stabilisation macroéconomique et de sécurité alimentaire dans les zones de conflit.