GROUPES CRIMINELS ORGANISÉS ET TRAFIC DE CANNABIS A ABIDJAN

Abstract

Au sortir de la crise postélectorale de 2011, la Côte d’Ivoire est confrontée à une nouvelle forme de criminalité urbaine. Deux groupes criminels, les « Microbes » et les « Gnambros » commettent des crimes dans les rues d’Abidjan et forcent les conducteurs de véhicules de transport en commun à payer des pourboires élevés. L’on observe cependant que les opérations de police contre ces groupes criminels entrainent d’importantes saisies de cannabis et parallèlement, les actions de démantèlement de fumoirs se soldent par l’interpellation de ces délinquants. Il semble nécessaire d’identifier comment chaque type de criminalité influence l’autre afin d’intervenir sur les bonnes causes. L’objectif de cette étude est de décrire et déterminer les facteurs associés au lien entre le trafic de cannabis et ces groupes criminels. L’étude a mobilisé 130 enquêtés dont 60 « Microbes » et « Gnambros » et les données ont été recueillis grâce à l’entretien semi structuré et l’observation participante. Les résultats montrent qu’il existe une corrélation entre les deux formes de criminalité, basée sur un renforcement mutuel. Les groupes criminels « Microbes » et « Gnambros » contrôlent le commerce du cannabis, assurent sa distribution, servent d’intermédiaire entre les fournisseurs  et les fumoirs, dealers, gangs et consommateurs. En retour, le cannabis alimente la criminalité de ces groupes, faite de violence et d’extorsion de fonds, contribue à leur résistance face à la répression, et leur fournit des moyens de subsistance et d’intégration sociale.